Hier c’était la rentrée des classes parlementaire. Jour d’affluence, l’hémicycle était bondé. Quelle occasion perdue pour le Premier ministre et son gouvernement !
Le pays et la représentation nationale attendaient une parole forte, un peu d’humanité, la reconnaissance des erreurs commises, un réel changement de politique, pour se remettre dans les pas des engagements de la campagne présidentielle de 2007, un vrai cap pour deux ans.
La déception a été immense. A commencer sur les bancs de l’UMP on sentait bien, malgré les applaudissements nourris de circonstance, une très palpable inquiétude.
François Fillon n’a pas su trouver les mots qu’il fallait. Il s’est enfermé dans son discours convenu pour la réforme. Il a fait référence aux premières mesures du quinquennat comme s’il était incapable de penser l’avenir.
Comment se fait-il que des hommes intelligents, dès qu’ils occupent la fonction de Premier Ministre, s’entêtent et restent prisonniers de schémas de pensées totalement décalées avec l’état de l’opinion.
Il me fait penser à Lionel Jospin qui s’accrochait toujours à ses premières années à Matignon comme une bouée de sauvetage sans comprendre que les Français ne regardent jamais les bilans mais attendent une espérance.
Le gouvernement, malgré quelques inflexions de façade, abandon de la taxe carbone ou remaniement à la marge, a donc décidé de ne pas tenir compte de la colère des Français. Son entêtement à réformer pour réformer va le mener droit dans le mur. Combien de temps la majorité acceptera-t-elle de se suicider avec lui ?
Il ne s’agit pas dans mon esprit, bien sûr, de demander à la majorité présidentielle de renier ce qu’elle est, mais de rassembler les Français autour d’un effort partagé. La gauche, certes, n’a pas de projet et veut raser gratis. Mais les Français ne supportent plus la politique de classe de l’UMP au service de quelques privilégiés.
Quand comprendront-ils que nos compatriotes sont lucides sur l’ampleur des défis à relever, mais veulent être associés à l’effort et en comprendre le sens ?
Voilà pourquoi, j’attendais la fin du bouclier fiscal, le remplacement des policiers qui partent en retraite, un contrôle des banques, la suppression, pourquoi pas, de certains avantages fiscaux, un vrai plan pour lutter contre les gaspillages et la Sécurité Sociale, la suppression des remises de peine pour les délinquants, une grande loi sur la participation dans l’entreprise, l’arrêt du démantèlement d’EDF au profit de féodalités privées, le rétablissement de certains contrôles aux frontières lorsqu’il y a une immigration trop forte en provenance de certains pays, etc., etc.
Dans ces conditions, que pouvait annoncer de plus le président de la République ? Il va falloir s’y résoudre à droite : alors que le pays espère de plus en plus fort la victoire de la gauche en 2012 (59% des sondés selon une enquête BVA), la majorité risque de continuer de jouer les bateaux ivres …
Raison de plus pour tout faire pour bâtir l’alternative gaulliste et républicaine qui épargnerait aux Français de se retrouver, à nouveau en 2012, face au terrible choix de 2007…
NDA